4.09.2012

Comprenons nous bien: le street styling

J'ai honte.
Jamais dans toutes mes soirées dites jet-set, quelqu'un a daigné me féliciter pour mes looks incroyables.

En fait, l'apogée de ma carrière de fashionista serait bien d'être prise en flagrant délit de style et d'être immortalisée en street styling. Mais pour l'instant, rien de tout ça, seulement de l'amertume et de la déception.

Toutefois, en ce qui me concerne, aucune frustration (clin d'œil, clin d'œil). Mais je soutiens que le photographe street styler n'est jamais là au bon moment. En effet, combien de fois me suis-je dis "OMG, aujourd'hui une escouade look pourrait débarquer et je gagnerais assurément, pis toute pis toute."
Bill Cunningham de loin la "meilleure escouade" par qui être photographié


Mais me voilà, au même point que plusieurs, sans la moindre photo comme preuve de mon sens inné du style.

Sous mes airs d'offusquée, je m'interroge. L'intérêt pour la mode de rue est
-elle encore justifiable?
Voici la définition donnée par le LondonFestival of Photography (que j'ai jugée pertinente et bien illustrée)

Street photography captures people and places within the public domain. More specifically street photography is defined as “un-posed, un-staged photography which captures, explores or questions contemporary society and the relationships between individuals and their surroundings.”

En extrapolant à la photographie de mode, cette relation entre la personne et son environnement  perd en spontanéité et en profondeur. On ne capte plus réellement l'essence d'un style, l'appartenance à un groupe, ou une esthétique particulière. Tout cela a vite fait d'être remplacé par le jeu du vedettariat et du tape à l'œil.


Tout le monde semble, à tout moment, être prêt à affronter l'objectif d'un néo-hypster branché. Néo-hypster qui semble, quant à lui, tenter de faire un Sartorialist de lui-même.

Et ce fameux hipster branché, où trouve-t-il le matériel pour se construire un blogue des plus branché? Dans les évènements modes évidemment. Mais faisons le calcul, personne ne fait le calcul pour se dire que la probabilité de trouver une personne au style avant-gardiste dont la garde-robe se compose essentiellement du créateur Price Upon Request, est beaucoup plus élevée que de la croiser disons, dans votre épicerie.
Encore une fois, on se retrouve dans un bassin de gens qui ont accès à une culture mode beaucoup plus grande,  qui se traduit généralement par un look plus réfléchi.

On s'approprie de moins en moins la mode de façon inspirée.  On assiste rarement à quelque chose de nouveau, tout le monde se ressemble. Et pourtant, tout est prétexte à être photographier. On perd l’essence même du mouvement, sa saveur surprenante et spontanée.

L'influence de la rue dans les créations de designers, exception faite de créateurs déjantés comme Giles ou Jeremy Scott, sont rares à un point tel qu'on a du mal a interpréter des collections originales et différentes comme celle de Rei Kawakubo ou encore, cette saison, celle de Marc Jacobs, qui font fi de l'esthétique conventionnel du beau. Le pré-fabriqué, le pré-mâché semble en fait beaucoup plus facile à digérer que l'originalité toute crue.

Marc Jacobs RTW Fall 2012


Marc Jacobs RTW Fall 2012

J'en ai aussi contre tous ces petits questionnaires bidons qu'on leur fait répondre, oubliez leur drink favoris, demander leur quelles sont leurs vues politiques, les courants artistiques qui les inspirent. Et pour certains, la mention vos parents paient-ils vos vêtements pourraient aussi être un bon indicateurs de style. (Confidence pour confidence, mes parents ont payés longtemps mes vêtements, et croyez moi, je ne méritais pas plus ma page dans le Nightlife)

Je veux de l'originalité, une élégance hors du commun, un esthétisme laid à la limite du beau, de l'étrange, de l'unique, du tape-à-l'oeil avec une attitude de je-m'en-foutisme loin de celle des divas.


 
Pour ceux qui n'auraient donc pas encore tout saisi, voici les règles d'or.
Conseils à l'attention du photographe street-style que vous êtes:

1. Se Prendre en photo, en action, ne compte pas
2.    Si toutes vos photos de street styleux ont toutes le même décor, changez d'endroit, vous êtes surement dans un évènement mode.
3.    Bottes Hunter, Canada Goose, sacs Longchamps ou Micheal kors? Inutile de prendre une photo, à moins bien sûr que vous ayez comme objectif de poser le plus grand nombre d'individus habillés de la sorte en même temps.
4.    Si la personne se laisse trop facilement prendre en photo, attention, méfiez vous, il y a anguille sous roche. Cette personne a sans doute mis beaucoup d'effort pour vouloir être photographié.

Finalement à l'attention de ceux qui ont (auront) la chance d'être photographié

A.   Tout mettre ce qu'il y a de plus éclaté dans votre garde-robe n'est pas gage de style.
B.   En cas de doute, abstenez-vous.
C.   Le look ethnique, voire turbans, boubous, prints exotiques, n'est plus exceptionnel. Francine Grimaldi l'a porté et le porte encore, alors mieux vaut être vraiment original pour dépasser le maìtre.
D.   Évitez de faire de l'attitude a la caméra, anyway, votre look vole déjà la vedette à votre personnalité.

Je rêve d'un site appelé Ordinary People got style ou People got Ordinary Style, site duquel je serais sûrement la vedette.

|Marie-Charles|


***Note de Marie-Eve : Ordinary People got style, c’est ça, l’essence et la base du street styling. S’inpirer des gens qui ont un sens du style inné, l’insouciance dans le regard avec un petit goût de révolte en bouche. En-tout-cas, c’est ma vision à moi. 

3.16.2012

Révolte sur carré rouge

J’aurais souhaité être plus futile, mais dans un contexte de marchandisation de l’éducation, le sujet de la mode, marchandisation d’un bien matériel par excellence, me semble peu à propos. Et pourtant, hier, j’ai posé un des gestes modes les plus importants : épingler mon carré rouge. (Un peu tard me diront certains, qu’à cela ne tienne, j’ai fini par m’afficher)

Oui, je dis bien un geste mode, puisque selon la définition, prenons celle du Larousse, qui ne s’éloigne pas tant de celle donné par plusieurs sociologues : « La mode est une manière passagère de se conduire, de penser, considérée comme de bon ton dans un milieu, à un moment donnée » Souvent, le terme mode peut être associé à une signification péjorative, alors qu’ici, bien loin de cette nuance, cette mode du carré rouge témoigne d’un phénomène sociologique bien réel et loin de la superficialité.

Manifestation étudiante dans le centre-ville de Montréal, mardi dernier.
Photo Patrick Sanfaçon, La Presse
Ce qu'il faut voir dans ce mouvement de mode, c'est l'incidence du carré rouge lui-même, de cet accessoire de révolte. Et c'est là que réside toute la force d'une mode, lorsqu'on va plus loin que la simple question de style ou d'esthétisme, pour entrer dans sa dimension politique. À l'instar du mouvement punk des années 80, cette mode du carré rouge est porteuse d’une idéologie, d’un mouvement qui en inspire plus d’un. Les punks avaient comme slogan le « No Future », et dans ce cas précis de marchandisation de l’éducation, cette devise prend un tout autre sens.

Je n'ai jamais eu peur de défendre mes idées, de m'exprimer haut et fort. Et pourtant en épinglant mon carré, j'ai hésité. Hésité, car accrochant ce symbole, l’ampleur est tout autre ; c’est beaucoup plus qu’une prise de parole personnelle, mais plutôt des voix unis dans un symbole. C’est le mouvement collectif qui parle. Car militant actif ou non, en portant cette petite pièce de feutre, on fait partie de la chaîne. Cela devient une sorte de code, une reconnaissance entre membre, une entente tacite entre inconnus, unis dans nos convictions.

Plus une fan du No logo, je dois admettre qu'il est décidément plus facile de porter un chandail au brand visible que d’afficher au grand jour ses convictions. Car on l’aura compris, protester est encore aujourd'hui une sorte de tabou. Oser aussi.

Je reste donc convaincue que je fais preuve de courage en portant fièrement mon carré rouge. Preuve du même courage que tous ces étudiants qui vont à l'encontre des décisions prises pour afficher leur couleur. Il est fascinant de voir comment cette touche de rouge devient un uniforme qui nous rassemble, mais aussi de voir à quel point ce banal carré devient source d’une si grande créativité, quand vient le temps d’affronter d’autres organisations en uniforme.
Manifestation étudiante sur la Métropolitaine.
Photo Patrick Sanfaçon, La Presse

Oui, on a déjà vu une collectivité arborer un signe distinctif ou un symbole pour faire avancer une cause, mais elles ont souvent été plus qu’à leur tour utilisées dans des campagnes marketings de toutes sortes, si on prend l’exemple des multiples prétextes pour supporter le cancer du sein. (Notez que je ne lui enlève pas son importance)

Peut-être que le geste d’épingler ce carré est en fait beaucoup plus banal que ce que j’en pense, mais n'êtes-vous pas d'accord que, justement, quand on arborera le carré rouge de la même façon qu’on le fait avec le ruban rose, peut-être aura-t-on perdu l’essence de la cause.

Car ce carré là, lui, représente un terrain encore vierge de toutes ententes commerciales. La seule entente collective prise à son égard est celle de la rage, de la colère, de l'unité ou encore de l’espoir. Un amalgame d’émotions rassemblé sur une superficie d’à peine 4 cm2.

Mais mis bout à bout, difficile d’ignorer plus longtemps la superficie totale de ces petits carrés rouges.

3.09.2012

Le retour du brun.


Eh oui. À force de faire le tour de la palette de couleurs, on finit par revenir à certaines d’entre elles qui nous inspirent moins. Bien sur, pour la déco, la coiffure, les accessoires, ça va encore….mais dans les vêtements, le brun est loin d’être le chouchou des designers. Qu’à cela ne tienne, 2012, année de tous les changements et de toutes les fins; le brun est in. Après quelques saisons passées sur le nude, il fallait bien qu’on y vienne. Notez, ce n’est pas que je sois forcément contre, c’est plutôt que je ne suis pas totalement pour. Surtout qu’on l’utilise beaucoup dans sa palette chocolat, en cuir ou en velours surtout. Du gros cuir chocolat, beurk. Ou pire, le brun-verdâtre, et le brun-jaunâtre, comme ce manteau de cuir vernis chez Vuitton. Je ne comprends pas et ne m’y fait pas. Le velours quant à lui peut amener une richesse à la couleur en lui conférant plusieurs tons par son effet lumineux, mais comme on peut le voir chez Burberry, ce n’est pas toujours réussi.  

 
Louis Vuitton
Burberry Prosum 

Ceux qui savent encore faire dans la subtilité et l’élégance auront réussi à intégrer le brun dans des tons plus rouge, bourgogne, ou très profonds. Le cuivré aussi permet d'intégrer les teintes terreuses plus facilement dans certaine palette. J’aime bien aussi la version plus équestre et masculine, à la Miu Miu. Chic et Élégant.

Miu Miu
À ne pas négliger avec l’avènement du brun, l’inspiration Chewbacca.  Comme la fourrure fait, elle aussi, un retour fracassant, pourquoi ne pas profiter de cette occasion fantastique pour créer de sublime manteau à poils longs, et bruns, de préférence. Les bottes chewbacca ont fait fureur il y a quelques années!

Mulberry 
Muse par Christian Chenail
Il est clair que c’est aussi toute l’imagerie animale, ce coté wild, qui a façonnée cette tendance. Les animaux empaillés, le bois, toutes les matières à poils imaginables…Et l’engouement pour le kitsh. D’ailleurs, il y a une vibe particulière qui fait du brun plus qu’une couleur, mais un style en soi, selon moi. Nous avions d’ailleurs cette discussion concernant un restaurant nouvellement populaire et on ne peut plus brun, Le Nouveau Palais*. Racheté par des jeunes, ce resto-cantine du Miles-End au décor douteux a été conservé tel quel, sauf pour ce qui est du menu et du staff (qui ont rajeunis un peu!). Et que dire de toutes les tavernes qui ont poussé ces dernières années, emportées par la vague du kitsch.  Serge, Roger, Normand, Edgar…Autre événement de la sorte,  les lundis de cinéma Douteux (au pub Brouhaha), qui s’intègre parfaitement dans cette vague brune. Venez boire de la bière et lancer des projectiles sur les plus mauvais films de l’histoire! Film dans lesquels les acteurs sont vêtus brunement et portent avec panache leur moustache la plus velue.

UNTTLD
Louis Vuitton

Alors voilà, la couleur, le style, gâtons-nous donc de cette laideur réconfortante! Mais pas trop quand même…


*Merci à Jean-Do, du Pub Rose Phillips, pour cette découverte. (JD qui tenait absolument à ce que je parle de son bar dans mon blog, mais je lui ai dit que ça se faisait vraiment pas. Franchement.)

**Je tiens à préciser que Marie-Charles n’appuie pas toutes les opinions émise dans cet article, étant elle-même une grande fan du brun chocolat. Eh ben.


***MC rétorque: J'ai le droit. Tsé. 

3.01.2012

We are Back. New York et autres



Vie active et mouvementée oblige on a du vous délaisser quelques peu mais nous voici de retour.

New York Fashion Week. New York a quelque chose d'exceptionnel, en ce sens ou la ville entière s'active pour célébrer le prêt-à-porter. On interpelle les passants dans la rue pour leur offrir divers magazines de mode, les taxis passent en boucle des interviews de créateurs. Non seulement s'agit-il d'un événement mode, mais aussi un événement au retombe touristiques et financières majeures.

Car les journalistes sont là pour travailler, mais ils consomment. Hôtels, cafés, restos, la ville accueille un revenu de plusieurs millions de dollars. La tenue de la Semaine de la mode bénéficie à plusieurs, facile donc de s'expliquer pourquoi l'organisation est impec.

Environ 4 semaines de modes ont lieu en même temps, celle de la programmation officielle, au Lincoln Center, celle de Milk Studios (Jeremy Scott, entre autres, faisait partie de la programmation) Pier 69 et Style360. Des endroits différents, une vibe propre et des designers complètement éclatés. Chacun peut présenter dans un univers qui lui ressemble plus et toucher un public ciblé.

Comme la saison dernière, je suis tombée sous le charme de créateurs qui ont su m'émerveiller, par un style audacieux, une sensibilité et une créativité particulière. Ce qui est agréable à New York, c'est de voir le talent des plus connus côtoyer l'indescriptible génie de créateurs moins commercialisés.

Chris Benz Fall 2012 Ready-to-WearChris Benz Fall 2012 Ready-to-Wear

J'aime voir, découvrir et admirer leur travail. Comment on utilise la matière et la couleur pour donner un résultat complètement différent de ce qu'on peut voir à Montréal. Ci-haut, Chris Benz que j'ai découvert la saison dernière.

Mes coups de cœurs de la semaine : Jeremy Scott et Jenny Packham.

Jeremy Scott Fall 2012 Ready-to-WearJeremy Scott Fall 2012 Ready-to-Wear


Jeremy Scott fait preuve d’une telle liberté qu’on en reste bouche bée. Entre Madonna aux airs psychédéliques et Sailor Moon, Scott fait preuve d’un génie audacieux en faisant référence à l’iconographie web des années 90. Une collection déjantée, éclatée qui nous repasse en boucle des classiques pop revisités par des chanteurs asiatiques. Déconcertant.

Jenny Packham Fall 2012 Ready-to-WearJenny Packham Fall 2012 Ready-to-Wear


Jenny Packham démontre quant à elle un savoir-faire incroyable en nous transportant dans les films noirs des années 40. Les silhouettes sont luxueuses et brillantes. L’attention portée aux détails est magique. D’ailleurs son utilisation du Hotfix est incroyable.


Custo Barcelona Fall 2012 Ready-to-WearCusto Barcelona Fall 2012 Ready-to-Wear

Mon interrogation: Custo Barcelona.
Après notre article sur Myco Anna, je dois me résoudre à accepter que chaque ville semble avoir un designer à l'esthétisme particulier. Ce même designer qui oubli les tendances ou même les critères de goûts pour soumettre sa propre idée du style. Un style qu'il faut accepter et critiquer dans une optique particulière, puisque, dans le cas de Custo Barcelona, cet esthétisme trouve preneur, ainsi mieux vaut évaluer en fonction de son habileté. Oui c'est un genre de voyez-j'ai-pris-de-la-maturité-ça-ressemble-a-une-excuse.

Pur Plaisir: Discuter avec les collègues de TRIPTYQU3.

Il y a une telle fraicheur de se retrouver ainsi (entre montréalais) dans un évènement d'envergure. Une chance, vraiment. Cela sonne gros, peut-être mais être à New York, c’est comme assister en accéléré à un cours de business et de marketing pour la mode. Et se dire qu'on devient de plus en plus équipé pour affronter l'industrie et se tailler une place comme capitale de mode, ca n'a pas de prix.

 Oh et j'oubliais...Nous n'avons pas terminé avec les tuques en hiboux... Sorry Marie-Eve...

Anna Sui Fall 2012 Ready-to-WearAnna Sui Fall 2012 Ready-to-Wear
Anna Sui FW 2012



2.13.2012

SMM : Fin Théâtrale

La Semaine de la mode de Montréal ne voulait pas d’une finale fade et sans goût. C’est donc sous la foule impatiente et les stroboscopes qu’on défilé les collections du collectif Anastasia Lomonova-Lyn-UNTTLD.  Une alliance intéressante.

Anastasia Lomonova
Sous le thème des robes de soirée et d’un romantisme sombre, Lomonova nous a concoctés, presque entièrement à la main, une collection où la transformation textile devient le point de départ. Le plus impressionnant dans cette collection reste certainement le travail du plissé, que la créatrice manie avec talent et originalité. Un chiffon de polyester métamorphosé et texturé, éloquent. L’esprit sado-maso mené par les accessoires en dentelle muni de « fouets » a donné du caractère aux coupes gréco-romaines de ses longues robes. De très belles robes d’ailleurs et une présentation fort intéressante. Une artiste à surveiller.

Lyn
Encore une fois, c’est tout le travail derrière les vêtements de Jocelyn Picard qui impressionne d’abord. Les deux tuniques resté immobiles lors du défilé étaient particulièrement intéressante, décrivant un tracé de maille partant dans tous les sens. Une belle maitrise du médium. Par contre, il aurait été apprécié de marier les pièces de tricot avec des vêtements tissés sobre, ce qui aurait permis de mettre en valeur ces dernières.  Parfaite pour servir le show, les tuniques cocons avait-elle d’autre ambition? Difficile à dire.

UTTLD
Sans aucun doute, UTTLD a donné un bon spectacle. Mise en scène, musique théâtrale, vêtements excentrique…Les pièces de métal tissés (ils ont tissés ensemble des chaines avec un fil de coton ciré) et les matières brutes (cuir, fourrures…) donnait du cran à la collection, de la force. L’esprit  Conan the Barbarian était de mise, version modernisé, sophistiqué et plus sexy. Par contre, tous les assemblages de matières et de formes devenaient étourdissant à la longue, un peu exagéré. J’aurais préféré un travail moins tape-à-l’œil, plus subtil du cuir et des fourrures que cet amalgame de laçage, tricot et découpe, somme toute pas très novateur. Malgré tout, UNTTLD a certainement gagné son pari auprès du public qui était, on ne peut plus ravi.





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2.08.2012

SMM: Commencer en force.


Ce fût une bien agréable soirée que celle de cette première journée de la SSM. Avec le retour très attendu de Tavan & Mitto et rien de moins que les défilés de Duy, Melissa Nepton et Marie St-Pierre en dessert, il y avait de quoi saliver. Je me passerais par contre de commentaire sur ce qui est du défilé d’ouverture de Muse par Christian Chenail, je serais désagréable!

Tavan et Mitto
L’impressionnant duo Payam Tavãn et Mike Mitto (ils ont travaillés respectivement pour Gianfranco Ferré et Chanel) ont été à la hauteur de nos attentes en présentant une collection raffiné et riche alliant matières nobles et silhouettes graphiques.  Les coupes rappelaient un look à la Audrey Hepburn, version modernisé et l’ampleur de certaines pièces semblaient tout droit tirée de la garde-robe masculine. Malgré cela, une grande féminité émanait du défilé, une féminité forte, assumée. Le judicieux choix de matières tel que la soie, l’angora, l’organza et la fourrure donnait tout son sens à la sensualité des silhouettes et à la richesse des coupes. Les pièces tels que les vestons oversize, les jupes circulaires et les pantalons palazzo immense m’ont ravie! Et que dire de la magnifique palette de couleur mariant le marine, le jaune dijon et le crème. Un réel coup de cœur.


crédit photo jimmy hamelin
crédit photo jimmy hamelin



























Duy
Sans réinventer la roue, Duy nous a présenté une collection cohérente, forte et sombre, très Givenchy. Les bleus profonds et autres bordeaux, noirs et vert obscur nous rappelaient à la nuit, à l’idée d’une soirée somptueuse. Les courbes étaient réellement à l’honneur tant elles étaient exacerbés aux hanches, aux épaules et aux fesses. Un beau choix de matières qui alliaient la fourrure (décidément la matière de l’hiver), la soie, le cuir, le jersey et un lainage de soie.

crédit photo jimmy hamelin
crédit photo jimmy hamelin


Mélissa Nepton
Nous étions très curieuse de voir comment allait évoluer le style de Melissa Nepton, encore récente dans la sphère Montréalaise. Bien qu’un peu inégale, sa collection à l’esprit nomade m’a beaucoup plu. Ses immenses manteaux de laine tout en courbe et tressé à l’arrière avait un look très intéressant. L’effet enveloppant général de la collection était réconfortant, et s’équilibrait grâce aux robes légères de soie pongé. J’ai raffolé de ses gros bonnets en tricot (les gris surtout) qui accessoirisait parfaitement ses pièces contemporaines. Les leggings aux multiples découpent et mix de couleurs m’ont par contre laissé perplexe , et le défilé aurait profité à être écourté car les pièces finales étaient moins fortes que celle qui précédait. Une très belle collection quand même.
credit photo jimmy hamelin

credit photo sebastien roy


Marie-St-Pierre
Il est toujours agréable de voir des désigner établi comme MSP qui ne se contente pas d’utiliser leur grande réputation pour nous ressasser sans cesse les mêmes idées. Bien que rappelant le défilé Post-vernissage de Ying Gao en 2011, l’intégration d’un court métrage et d’une chorégraphie ont permis à la designer de porter plus loin la réflexion sur son travail et sur sa contemporanéité. C’est dans une ambiance sombre et inquiétante qu’on défilé ses pièces structurés, rondes, imposante. Plus que son éternel plissé, c’est son accessoire frangé que j’ai le plus apprécié, surtout en plastron, bien que je l’aie trouvé intéressant sur chacune des pièces où il se trouvait. Le stylisme était évidemment impeccable, et l’effet général de la collection, très fort. Du grand MSP.

credit photo sebastien roy
credit photo sebastien roy
|MARIE-EVE ET MARIE-CHARLES|

2.04.2012

Comprenons nous bien: Myco Anna



Je naime pas Myco Anna ou toute autre ligne qui sinspire dune géométrie douteuse et dun mix (trop) inusité de matières au nom de l'écologie.
Je déteste que mon haut et mon bas soient parfaitement coordonnés dans un jeu peu subtil de couleurs et dun style funkyness-artsy qui trouve, plus souvent quautrement, écho chez la clientèle du Salon des Métiers dart de Montréal. En fait, peu importe la marque, car ce style sert désormais de référence, pour un ensemble de lignes (beaucoup trop nombreuses) répondant aux critères éco-bio-recyclé-designers-québécois-éthique-et-jen-passe.
Je ny trouve définitivement pas mon compte, non pas en terme de valeurs, mais en terme desthétisme.



Toujours la même silhouette, le même surjet de couleur contrastante, ainsi quun amalgame de juxtapositions dimprimés, avec au final une belle asymétrie en pointe. Cet éventail de matières semble original mais est finalement dépourvu de style, de subtilité. Le style dit Myco Anna, est selon moi une réflexion trop simple, voire simplette du design et de sa conscience dite sociale. Un style brut, au sens brutal du terme.
Oxymore que celui du concept decofashion. Tendance, consommation et éphémère affronte durabilité, logique et conscience. Il est évident  quil existe actuellement des façons de mieux consommer, sans toutefois tomber dans cet esthétisme tant redouté.
Et les solutions sont multiples: matières biologiques (le coton est lagriculture la plus polluante de la planète*), teintures écologiques, traitements des tissus repensé, consommation moindreIl est fort honorable de vouloir aujourdhui réutiliser ce qui ne la pas été suffisamment pour éviter un immense gaspillage. Si lentreprise en elle-même est louable, navons-nous pas fait le tour, esthétiquement parlant, des créations faites à partir de tissus recyclées?
Comme toute chose, les premiers vêtements émergents de la veine « éco-matières recyclés » étaient surprenants et tentants. Mission noble que celle du mouvement vert, mais à ce jour, la question se pose: que sest-il passé depuis?  Malheureusement, rien de bien nouveau.


Tout de même, il existe une clientèle  fidèle à ce créneau, une niche précise et des ventes qui semblent ne pas vouloir diminuer. Pourquoi? Le style, nous en déplaise, convient à plusieurs et la qualité générale du produit acheté est tout de même bonne, au niveau fit et confection.
Mais aujourdhui, difficile pour un créateur dutiliser des fibres dites vertes sans être associé à tout ce mouvement Hippie-crafty. La mode québécoise est surreprésentée par ce genre desthétisme et par ce leitmotiv du consommateur responsable. Pourtant, un vêtement patchworké nest pas forcément gage de durabilité. Lamalgame de fibres aux caractéristiques différentes fragilisent parfois la confection et réagissent souvent mal au lavage.
Si on vante tant les mérites du vintage, quon pait des fortunes pour un costume Dior datant des années 50, cest parce quil est encore en bon état, que la confection, la coupe sont toujours dactualité. Pourquoi? Parce quun créateur a eu une réflexion sur le vêtement, a pensé la construction, a amené le design plus loin que ce qui lui était donné de voir. Et cest dans ces termes quil faut consommer. Et recycler. Conservons les vêtements tels quils sont, partageons-les, réutilisons-les, et ce, sans couper dedans!.
On s'est permis de discuter goûts et couleurs.

[MARIE-CHARLES ET MARIE-EVE]