J'ai
honte.
Jamais
dans toutes mes soirées dites jet-set, quelqu'un a daigné me féliciter pour mes
looks incroyables.
En
fait, l'apogée de ma carrière de fashionista serait bien d'être prise en
flagrant délit de style et d'être immortalisée en street styling. Mais pour
l'instant, rien de tout ça, seulement de l'amertume et de la déception.
Toutefois,
en ce qui me concerne, aucune frustration (clin d'œil, clin d'œil). Mais je
soutiens que le photographe street styler n'est jamais là au bon moment. En
effet, combien de fois me suis-je dis "OMG, aujourd'hui une escouade look
pourrait débarquer et je gagnerais assurément, pis toute pis toute."
Bill Cunningham de loin la "meilleure escouade" par qui être photographié
Mais
me voilà, au même point que plusieurs, sans la moindre photo comme preuve de
mon sens inné du style.
Sous
mes airs d'offusquée, je m'interroge. L'intérêt pour la mode de rue est
-elle
encore justifiable?
-
Voici la définition donnée par le LondonFestival of Photography (que j'ai jugée pertinente et bien illustrée)
Street photography captures people and places within the public domain.
More specifically street photography is defined as “un-posed, un-staged
photography which captures, explores or questions contemporary society and the
relationships between individuals and their surroundings.”
En
extrapolant à la photographie de mode, cette relation entre la personne et son
environnement perd en spontanéité et en
profondeur. On ne capte plus réellement l'essence d'un style, l'appartenance à
un groupe, ou une esthétique particulière. Tout cela a vite fait d'être
remplacé par le jeu du vedettariat et du tape à l'œil.
Tout
le monde semble, à tout moment, être prêt à affronter l'objectif d'un
néo-hypster branché. Néo-hypster qui semble, quant à lui, tenter de faire un Sartorialist
de lui-même.
Et ce fameux hipster branché, où
trouve-t-il le matériel pour se construire un blogue des plus branché? Dans les
évènements modes évidemment. Mais faisons le calcul, personne ne fait le calcul
pour se dire que la probabilité de trouver une personne au style avant-gardiste
dont la garde-robe se compose essentiellement du créateur Price Upon Request, est beaucoup plus élevée que de la croiser
disons, dans votre épicerie.
Encore
une fois, on se retrouve dans un bassin de gens qui ont accès à une culture
mode beaucoup plus grande, qui se
traduit généralement par un look plus réfléchi.
On
s'approprie de moins en moins la mode de façon inspirée. On assiste rarement à quelque chose de
nouveau, tout le monde se ressemble. Et pourtant, tout est prétexte à être
photographier. On perd l’essence même du mouvement, sa saveur surprenante et
spontanée.
L'influence
de la rue dans les créations de designers, exception faite de créateurs
déjantés comme Giles ou Jeremy Scott, sont rares à un point tel qu'on a du mal
a interpréter des collections originales et différentes comme celle de Rei
Kawakubo ou encore, cette saison, celle de Marc Jacobs, qui font fi de
l'esthétique conventionnel du beau. Le pré-fabriqué, le pré-mâché semble en
fait beaucoup plus facile à digérer que l'originalité toute crue.
Marc Jacobs RTW Fall 2012
Marc Jacobs RTW Fall 2012
J'en
ai aussi contre tous ces petits questionnaires bidons qu'on leur fait répondre,
oubliez leur drink favoris, demander leur quelles sont leurs vues politiques,
les courants artistiques qui les inspirent. Et pour certains, la mention vos
parents paient-ils vos vêtements pourraient aussi être un bon indicateurs de
style. (Confidence pour confidence, mes parents ont payés longtemps mes
vêtements, et croyez moi, je ne méritais pas plus ma page dans le Nightlife)
Je
veux de l'originalité, une élégance hors du commun, un esthétisme laid à la
limite du beau, de l'étrange, de l'unique, du tape-à-l'oeil avec une attitude
de je-m'en-foutisme loin de celle des divas.
Pour
ceux qui n'auraient donc pas encore tout saisi, voici les règles d'or.
Conseils
à l'attention du photographe street-style que vous êtes:
1. Se Prendre en photo, en action, ne compte pas
2.
Si
toutes vos photos de street styleux ont toutes le même décor, changez
d'endroit, vous êtes surement dans un évènement mode.
3.
Bottes
Hunter, Canada Goose, sacs Longchamps ou Micheal kors? Inutile de prendre une
photo, à moins bien sûr que vous ayez comme objectif de poser le plus grand
nombre d'individus habillés de la sorte en même temps.
4.
Si
la personne se laisse trop facilement prendre en photo, attention, méfiez vous,
il y a anguille sous roche. Cette personne a sans doute mis beaucoup d'effort
pour vouloir être photographié.
Finalement
à l'attention de ceux qui ont (auront) la chance d'être photographié
A. Tout mettre ce qu'il y a de plus éclaté dans votre garde-robe n'est pas gage de style.
B.
En
cas de doute, abstenez-vous.
C.
Le
look ethnique, voire turbans, boubous, prints exotiques, n'est plus
exceptionnel. Francine Grimaldi l'a porté et le porte encore, alors mieux vaut
être vraiment original pour dépasser le maìtre.
D.
Évitez
de faire de l'attitude a la caméra, anyway,
votre look vole déjà la vedette à votre personnalité.
Je
rêve d'un site appelé Ordinary People got
style ou People got Ordinary Style, site duquel je serais sûrement la vedette.
|Marie-Charles|
***Note
de Marie-Eve : Ordinary People got
style, c’est ça, l’essence et la base du street styling. S’inpirer des gens
qui ont un sens du style inné, l’insouciance dans le regard avec un petit goût
de révolte en bouche. En-tout-cas, c’est ma vision à moi.