2.13.2012

SMM : Fin Théâtrale

La Semaine de la mode de Montréal ne voulait pas d’une finale fade et sans goût. C’est donc sous la foule impatiente et les stroboscopes qu’on défilé les collections du collectif Anastasia Lomonova-Lyn-UNTTLD.  Une alliance intéressante.

Anastasia Lomonova
Sous le thème des robes de soirée et d’un romantisme sombre, Lomonova nous a concoctés, presque entièrement à la main, une collection où la transformation textile devient le point de départ. Le plus impressionnant dans cette collection reste certainement le travail du plissé, que la créatrice manie avec talent et originalité. Un chiffon de polyester métamorphosé et texturé, éloquent. L’esprit sado-maso mené par les accessoires en dentelle muni de « fouets » a donné du caractère aux coupes gréco-romaines de ses longues robes. De très belles robes d’ailleurs et une présentation fort intéressante. Une artiste à surveiller.

Lyn
Encore une fois, c’est tout le travail derrière les vêtements de Jocelyn Picard qui impressionne d’abord. Les deux tuniques resté immobiles lors du défilé étaient particulièrement intéressante, décrivant un tracé de maille partant dans tous les sens. Une belle maitrise du médium. Par contre, il aurait été apprécié de marier les pièces de tricot avec des vêtements tissés sobre, ce qui aurait permis de mettre en valeur ces dernières.  Parfaite pour servir le show, les tuniques cocons avait-elle d’autre ambition? Difficile à dire.

UTTLD
Sans aucun doute, UTTLD a donné un bon spectacle. Mise en scène, musique théâtrale, vêtements excentrique…Les pièces de métal tissés (ils ont tissés ensemble des chaines avec un fil de coton ciré) et les matières brutes (cuir, fourrures…) donnait du cran à la collection, de la force. L’esprit  Conan the Barbarian était de mise, version modernisé, sophistiqué et plus sexy. Par contre, tous les assemblages de matières et de formes devenaient étourdissant à la longue, un peu exagéré. J’aurais préféré un travail moins tape-à-l’œil, plus subtil du cuir et des fourrures que cet amalgame de laçage, tricot et découpe, somme toute pas très novateur. Malgré tout, UNTTLD a certainement gagné son pari auprès du public qui était, on ne peut plus ravi.





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2.08.2012

SMM: Commencer en force.


Ce fût une bien agréable soirée que celle de cette première journée de la SSM. Avec le retour très attendu de Tavan & Mitto et rien de moins que les défilés de Duy, Melissa Nepton et Marie St-Pierre en dessert, il y avait de quoi saliver. Je me passerais par contre de commentaire sur ce qui est du défilé d’ouverture de Muse par Christian Chenail, je serais désagréable!

Tavan et Mitto
L’impressionnant duo Payam Tavãn et Mike Mitto (ils ont travaillés respectivement pour Gianfranco Ferré et Chanel) ont été à la hauteur de nos attentes en présentant une collection raffiné et riche alliant matières nobles et silhouettes graphiques.  Les coupes rappelaient un look à la Audrey Hepburn, version modernisé et l’ampleur de certaines pièces semblaient tout droit tirée de la garde-robe masculine. Malgré cela, une grande féminité émanait du défilé, une féminité forte, assumée. Le judicieux choix de matières tel que la soie, l’angora, l’organza et la fourrure donnait tout son sens à la sensualité des silhouettes et à la richesse des coupes. Les pièces tels que les vestons oversize, les jupes circulaires et les pantalons palazzo immense m’ont ravie! Et que dire de la magnifique palette de couleur mariant le marine, le jaune dijon et le crème. Un réel coup de cœur.


crédit photo jimmy hamelin
crédit photo jimmy hamelin



























Duy
Sans réinventer la roue, Duy nous a présenté une collection cohérente, forte et sombre, très Givenchy. Les bleus profonds et autres bordeaux, noirs et vert obscur nous rappelaient à la nuit, à l’idée d’une soirée somptueuse. Les courbes étaient réellement à l’honneur tant elles étaient exacerbés aux hanches, aux épaules et aux fesses. Un beau choix de matières qui alliaient la fourrure (décidément la matière de l’hiver), la soie, le cuir, le jersey et un lainage de soie.

crédit photo jimmy hamelin
crédit photo jimmy hamelin


Mélissa Nepton
Nous étions très curieuse de voir comment allait évoluer le style de Melissa Nepton, encore récente dans la sphère Montréalaise. Bien qu’un peu inégale, sa collection à l’esprit nomade m’a beaucoup plu. Ses immenses manteaux de laine tout en courbe et tressé à l’arrière avait un look très intéressant. L’effet enveloppant général de la collection était réconfortant, et s’équilibrait grâce aux robes légères de soie pongé. J’ai raffolé de ses gros bonnets en tricot (les gris surtout) qui accessoirisait parfaitement ses pièces contemporaines. Les leggings aux multiples découpent et mix de couleurs m’ont par contre laissé perplexe , et le défilé aurait profité à être écourté car les pièces finales étaient moins fortes que celle qui précédait. Une très belle collection quand même.
credit photo jimmy hamelin

credit photo sebastien roy


Marie-St-Pierre
Il est toujours agréable de voir des désigner établi comme MSP qui ne se contente pas d’utiliser leur grande réputation pour nous ressasser sans cesse les mêmes idées. Bien que rappelant le défilé Post-vernissage de Ying Gao en 2011, l’intégration d’un court métrage et d’une chorégraphie ont permis à la designer de porter plus loin la réflexion sur son travail et sur sa contemporanéité. C’est dans une ambiance sombre et inquiétante qu’on défilé ses pièces structurés, rondes, imposante. Plus que son éternel plissé, c’est son accessoire frangé que j’ai le plus apprécié, surtout en plastron, bien que je l’aie trouvé intéressant sur chacune des pièces où il se trouvait. Le stylisme était évidemment impeccable, et l’effet général de la collection, très fort. Du grand MSP.

credit photo sebastien roy
credit photo sebastien roy
|MARIE-EVE ET MARIE-CHARLES|

2.04.2012

Comprenons nous bien: Myco Anna



Je naime pas Myco Anna ou toute autre ligne qui sinspire dune géométrie douteuse et dun mix (trop) inusité de matières au nom de l'écologie.
Je déteste que mon haut et mon bas soient parfaitement coordonnés dans un jeu peu subtil de couleurs et dun style funkyness-artsy qui trouve, plus souvent quautrement, écho chez la clientèle du Salon des Métiers dart de Montréal. En fait, peu importe la marque, car ce style sert désormais de référence, pour un ensemble de lignes (beaucoup trop nombreuses) répondant aux critères éco-bio-recyclé-designers-québécois-éthique-et-jen-passe.
Je ny trouve définitivement pas mon compte, non pas en terme de valeurs, mais en terme desthétisme.



Toujours la même silhouette, le même surjet de couleur contrastante, ainsi quun amalgame de juxtapositions dimprimés, avec au final une belle asymétrie en pointe. Cet éventail de matières semble original mais est finalement dépourvu de style, de subtilité. Le style dit Myco Anna, est selon moi une réflexion trop simple, voire simplette du design et de sa conscience dite sociale. Un style brut, au sens brutal du terme.
Oxymore que celui du concept decofashion. Tendance, consommation et éphémère affronte durabilité, logique et conscience. Il est évident  quil existe actuellement des façons de mieux consommer, sans toutefois tomber dans cet esthétisme tant redouté.
Et les solutions sont multiples: matières biologiques (le coton est lagriculture la plus polluante de la planète*), teintures écologiques, traitements des tissus repensé, consommation moindreIl est fort honorable de vouloir aujourdhui réutiliser ce qui ne la pas été suffisamment pour éviter un immense gaspillage. Si lentreprise en elle-même est louable, navons-nous pas fait le tour, esthétiquement parlant, des créations faites à partir de tissus recyclées?
Comme toute chose, les premiers vêtements émergents de la veine « éco-matières recyclés » étaient surprenants et tentants. Mission noble que celle du mouvement vert, mais à ce jour, la question se pose: que sest-il passé depuis?  Malheureusement, rien de bien nouveau.


Tout de même, il existe une clientèle  fidèle à ce créneau, une niche précise et des ventes qui semblent ne pas vouloir diminuer. Pourquoi? Le style, nous en déplaise, convient à plusieurs et la qualité générale du produit acheté est tout de même bonne, au niveau fit et confection.
Mais aujourdhui, difficile pour un créateur dutiliser des fibres dites vertes sans être associé à tout ce mouvement Hippie-crafty. La mode québécoise est surreprésentée par ce genre desthétisme et par ce leitmotiv du consommateur responsable. Pourtant, un vêtement patchworké nest pas forcément gage de durabilité. Lamalgame de fibres aux caractéristiques différentes fragilisent parfois la confection et réagissent souvent mal au lavage.
Si on vante tant les mérites du vintage, quon pait des fortunes pour un costume Dior datant des années 50, cest parce quil est encore en bon état, que la confection, la coupe sont toujours dactualité. Pourquoi? Parce quun créateur a eu une réflexion sur le vêtement, a pensé la construction, a amené le design plus loin que ce qui lui était donné de voir. Et cest dans ces termes quil faut consommer. Et recycler. Conservons les vêtements tels quils sont, partageons-les, réutilisons-les, et ce, sans couper dedans!.
On s'est permis de discuter goûts et couleurs.

[MARIE-CHARLES ET MARIE-EVE]