4.09.2012

Comprenons nous bien: le street styling

J'ai honte.
Jamais dans toutes mes soirées dites jet-set, quelqu'un a daigné me féliciter pour mes looks incroyables.

En fait, l'apogée de ma carrière de fashionista serait bien d'être prise en flagrant délit de style et d'être immortalisée en street styling. Mais pour l'instant, rien de tout ça, seulement de l'amertume et de la déception.

Toutefois, en ce qui me concerne, aucune frustration (clin d'œil, clin d'œil). Mais je soutiens que le photographe street styler n'est jamais là au bon moment. En effet, combien de fois me suis-je dis "OMG, aujourd'hui une escouade look pourrait débarquer et je gagnerais assurément, pis toute pis toute."
Bill Cunningham de loin la "meilleure escouade" par qui être photographié


Mais me voilà, au même point que plusieurs, sans la moindre photo comme preuve de mon sens inné du style.

Sous mes airs d'offusquée, je m'interroge. L'intérêt pour la mode de rue est
-elle encore justifiable?
Voici la définition donnée par le LondonFestival of Photography (que j'ai jugée pertinente et bien illustrée)

Street photography captures people and places within the public domain. More specifically street photography is defined as “un-posed, un-staged photography which captures, explores or questions contemporary society and the relationships between individuals and their surroundings.”

En extrapolant à la photographie de mode, cette relation entre la personne et son environnement  perd en spontanéité et en profondeur. On ne capte plus réellement l'essence d'un style, l'appartenance à un groupe, ou une esthétique particulière. Tout cela a vite fait d'être remplacé par le jeu du vedettariat et du tape à l'œil.


Tout le monde semble, à tout moment, être prêt à affronter l'objectif d'un néo-hypster branché. Néo-hypster qui semble, quant à lui, tenter de faire un Sartorialist de lui-même.

Et ce fameux hipster branché, où trouve-t-il le matériel pour se construire un blogue des plus branché? Dans les évènements modes évidemment. Mais faisons le calcul, personne ne fait le calcul pour se dire que la probabilité de trouver une personne au style avant-gardiste dont la garde-robe se compose essentiellement du créateur Price Upon Request, est beaucoup plus élevée que de la croiser disons, dans votre épicerie.
Encore une fois, on se retrouve dans un bassin de gens qui ont accès à une culture mode beaucoup plus grande,  qui se traduit généralement par un look plus réfléchi.

On s'approprie de moins en moins la mode de façon inspirée.  On assiste rarement à quelque chose de nouveau, tout le monde se ressemble. Et pourtant, tout est prétexte à être photographier. On perd l’essence même du mouvement, sa saveur surprenante et spontanée.

L'influence de la rue dans les créations de designers, exception faite de créateurs déjantés comme Giles ou Jeremy Scott, sont rares à un point tel qu'on a du mal a interpréter des collections originales et différentes comme celle de Rei Kawakubo ou encore, cette saison, celle de Marc Jacobs, qui font fi de l'esthétique conventionnel du beau. Le pré-fabriqué, le pré-mâché semble en fait beaucoup plus facile à digérer que l'originalité toute crue.

Marc Jacobs RTW Fall 2012


Marc Jacobs RTW Fall 2012

J'en ai aussi contre tous ces petits questionnaires bidons qu'on leur fait répondre, oubliez leur drink favoris, demander leur quelles sont leurs vues politiques, les courants artistiques qui les inspirent. Et pour certains, la mention vos parents paient-ils vos vêtements pourraient aussi être un bon indicateurs de style. (Confidence pour confidence, mes parents ont payés longtemps mes vêtements, et croyez moi, je ne méritais pas plus ma page dans le Nightlife)

Je veux de l'originalité, une élégance hors du commun, un esthétisme laid à la limite du beau, de l'étrange, de l'unique, du tape-à-l'oeil avec une attitude de je-m'en-foutisme loin de celle des divas.


 
Pour ceux qui n'auraient donc pas encore tout saisi, voici les règles d'or.
Conseils à l'attention du photographe street-style que vous êtes:

1. Se Prendre en photo, en action, ne compte pas
2.    Si toutes vos photos de street styleux ont toutes le même décor, changez d'endroit, vous êtes surement dans un évènement mode.
3.    Bottes Hunter, Canada Goose, sacs Longchamps ou Micheal kors? Inutile de prendre une photo, à moins bien sûr que vous ayez comme objectif de poser le plus grand nombre d'individus habillés de la sorte en même temps.
4.    Si la personne se laisse trop facilement prendre en photo, attention, méfiez vous, il y a anguille sous roche. Cette personne a sans doute mis beaucoup d'effort pour vouloir être photographié.

Finalement à l'attention de ceux qui ont (auront) la chance d'être photographié

A.   Tout mettre ce qu'il y a de plus éclaté dans votre garde-robe n'est pas gage de style.
B.   En cas de doute, abstenez-vous.
C.   Le look ethnique, voire turbans, boubous, prints exotiques, n'est plus exceptionnel. Francine Grimaldi l'a porté et le porte encore, alors mieux vaut être vraiment original pour dépasser le maìtre.
D.   Évitez de faire de l'attitude a la caméra, anyway, votre look vole déjà la vedette à votre personnalité.

Je rêve d'un site appelé Ordinary People got style ou People got Ordinary Style, site duquel je serais sûrement la vedette.

|Marie-Charles|


***Note de Marie-Eve : Ordinary People got style, c’est ça, l’essence et la base du street styling. S’inpirer des gens qui ont un sens du style inné, l’insouciance dans le regard avec un petit goût de révolte en bouche. En-tout-cas, c’est ma vision à moi.